Homélie Mgr Jean-Marie Lovey, Evêque de Sion

Fête patronale de l'Unité pastorale, le 27 juin 2019

Frères et sœurs, chers pèlerins, chers amis,

Marguerite Bays va être canonisée, reconnue sainte. Certaines personnes se demandent ce qu’a-t-elle a bien pu faire d’extraordinaire pour mériter cela ? Cette interrogation nous fait réfléchir à qu’est-ce vraiment la sainteté ? Et comment y arriver ?

L’évangile que nous venons d’entendre propose une double indication comme chemin vers une sainteté possible.

« Il ne suffit pas de me dire Seigneur, Seigneur… (V/21) pour entrer dans le Royaume il faut faire la volonté de Dieu. »

Remarquons que Jésus ne dit pas qu’il ne faut pas dire ‘Seigneur, Seigneur… il fait remarque que ce n’est pas suffisant. Dire Seigneur, Seigneur, c’est lui parler dans la prière. Je pense qu’il en va d’abord de la qualité de la prière et qu’ensuite nous somme invités à ne pas en rester qu’à la prière.  Pour la qualité tournons-nous vers celles et ceux qui en ont l’expérience. Marguerite était une femme de prière, comme d’autres saints. Il y a une certaine parenté spirituelle entre Marguerite Bays et le saint curé d’Ars. Il encourageait ses paroissiens à prier beaucoup, régulièrement et en étant présents à ce qu’ils disaient. « On en voit qui se perdent dans la prière comme le poisson dans l'eau, parce qu'ils sont tout au bon Dieu. Dans leur cœur, il n'y a pas d'entre-deux. Oh ! Que j'aime ces âmes généreuses ! Saint François d'Assise et sainte Colette voyaient notre Seigneur et Lui parlaient comme nous nous parlions. Tandis que nous, que de fois nous venons à l'église sans savoir ce que nous venons faire et ce que nous voulons demander ! Et pourtant, quand on va chez quelqu'un, on sait bien pourquoi on y va. Il y en a qui ont l'air de dire au bon Dieu « Je m'en vais Vous dire deux mots pour me débarrasser de Vous... » Je pense souvent que, lorsque nous venons adorer notre Seigneur, nous obtiendrions tout ce que nous voudrions, si nous le Lui demandions avec une foi bien vive et un cœur bien pur ».

La prière est donc autre chose qu’une obligation accomplie de plus ou moins bon gré ! Au coeur de l’expérience spirituelle, elle est cet espace de la rencontre de l’homme et de son Dieu. Et pour qu’il y a ait rencontre, il faut bien qu’il y ait présence mutuelle, attention à l’autre. Voilà donc un premier chemin que la plupart des amis de Dieu ont emprunté ; chemin qui les a conduits à la sainteté. Pourtant l’évangile ajoute qu’il ne suffit pas de dire ‘Seigneur, Seigneur’ il faut encore faire la volonté du Père. Dans son admirable Exhortation sur la sainteté, le Pape François commente :

Nous pourrions penser que nous rendons gloire à Dieu seulement par le culte et la prière, ou uniquement en respectant certaines normes éthiques et nous oublions que le critère pour évaluer notre vie est, avant tout, ce que nous avons fait pour les autres. La prière a de la valeur si elle alimente un don de soi quotidien par amour. Notre culte plaît à Dieu quand nous y mettons la volonté de vivre avec générosité et quand nous laissons le don reçu de Dieu se traduire dans le don de nous-mêmes aux frères. (G&E 104)

C’est par cette porte étroite de l’oubli de soi au profit des autres que passe « le chemin qui conduit à la vie ». Il s’agit de maintenir incessamment son cœur ouvert à la prière et à l’attention aux autres. Le secret des saints, c’est de contempler Jésus de l’Evangile de le contempler tellement qu’à force ils se prennent à l’imiter. C’est-à-dire à faire comme lui, à s’intéresser aux autres plus qu’à soi-même. Lui, Jésus, était donné tout entier. Marguerite en le contemplant s’est mise à l’imiter. C’est ainsi qu’elle a bâti sa vie comme une maison solidement ancrée sur le Roc. Vivre la prière comme un temps d’écoute attentive de Dieu, puis mettre en pratique le message de l’Évangile dans l’humble quotidien voilà en quoi a consisté la vie de Marguerite. C’est aussi pour cela que l’Église nous la présente comme un modèle. A notre tour, il nous est possible de nous inspirer de sa façon de vivre qui a consisté d’abord à laisser Jésus entrer dans son quotidien si petit, si caché et en même temps si rayonnant de sérénité. Avec elle, nous savons que les vents contraires, les tempêtes de ce monde ne nous déstabiliseront pas puisque nos vies seront bâties sur ce même Roc.  

AMEN